Pour les amis des endeuillés

Pour les amis des gens endeuillés

Les gens peuvent apporter un appui important dans les premiers jours suivant un décès. Il y a bien des choses qu’ils peuvent faire: aider aux préparatifs des funérailles, aviser des amis et membres de la famille du décès, et s’occuper de tâches quotidiennes. C’est une question d’être ami: assumer les tâches nécessaires afin que les survivants aient le temps et l’énergie pour pleurer leur perte.

Malheureusement, les funérailles passées, les choses peuvent changer de façon dramatique. Le réseau d’appui peut se dissoudre rapidement quand les gens reprennent leur routine normale. Le téléphone cesse de sonner et les endeuillés peuvent trouver leurs jours et nuits longs et ennuyeux.
Comment aider vraiment une personne endeuillée
 
Il ne s’agit pas de quitter. Oui, vous partez après les funérailles, mais un vrai ami ne reste pas longtemps à l’écart. Un ami fidèle continue à veiller sur l’endeuillé. Il peut s’avérer très difficile d’être un ami à quelqu’un qui en a besoin en ce temps pénible. 

La Dre Rachael Naomi Remen a décrit ce qu’elle croit être le point de mire de ce travail de deuil. « Le deuil nous permet de guérir, de se souvenir avec amour plutôt que dans la douleur. C’est un processus de triage. Vous laissez aller les choses du passé, une par une, et vous pleurez leur perte. Vous prenez les choses devenues partie de votre être, une par une, et vous construisez à nouveau ». Vous faites cela selon un modèle de deuil orienté sur les tâches.
Les quatre tâches du deuil

Le Dr James Worden affirme qu’il faut faire quatre choses pour s’ajuster au décès d’un proche:
  • accepter la réalité de la perte
  • traiter de la douleur du deuil
  • s’ajuster à un monde sans la personne décédée
  • trouver un lien durable avec la personne décédée tout en adoptant une nouvelle vie.
Ces quatre tâches définissent le travail du deuil. Quand vous choisissez d’être l’ami d’une personne endeuillée, il devient votre responsabilité de les appuyer pour accomplir ces quatre choses selon son échéancier, et non le vôtre.

Soyez présent

Vous ne devriez jamais imposer une limite de temps du deuil. Les seules limitations que vous pouvez imposer sont celles liées à tout comportement négatif dont vous témoignez. Votre ami consomme-t-il de l’alcool ou des drogues pour gérer ses émotions? Ses habitudes d’alimentation deviennent-elles destructrices? Choisit-il de s’isoler du monde extérieur? Tout cela devrait déclencher un signal d’alarme. Si vous croyez que son deuil est devenu écrasant et le pousse vers la voie de l’autodestruction, il est peut-être temps de suggérer qu’il consulte un thérapeute ou un conseiller agréé en matière de deuil.

D’autres choses valables que vous pouvez faire pour aider une personne endeuillée à s’adapter à sa perte de façon réussie, toujours selon les quatre tâches de Worden, comprennent ce qui suit.
  • La participation aux funérailles de son être cher n’est que le premier pas vers l’acceptation de la réalité de la perte. Afin de continuer ce processus, emmenez-la visiter la tombe de leur être cher ou autre lieu d’inhumation pour y déposer des fleurs ou tout simplement y passer du temps à converser et contempler. N’obligez-la jamais à y aller: faites seulement le suggérer, puis appuyez-la lorsqu’elle accepte votre suggestion.
  • L’écoute empathique est de mise. Soyez disposé à écouter non seulement avec vos oreilles mais avec votre cœur également. Cela l’aidera grandement à traiter de la douleur du deuil. 
  • La personne endeuillée devra apprendre à fonctionner en ce nouveau monde sans son être cher. Cela peut comprendre votre aide pratique à régler des factures, magasiner à l’épicerie, ou offrir votre appui pendant qu’elle apprend ou réapprend comment faire certaines choses.
  • La personne endeuillée doit réintégrer son sens de « soi » tout en traitant de changements à ses croyances, ses valeurs et sa perception du monde. Encore là, l’écoute empathique sans jugement lui offre un lieu sécuritaire pour traiter des changements importants de sa perception des choses.
Aidez-la à trouver une place convenable dans sa vie affective pour la personne décédée: « une place importante mais qui laisse de la place à d’autres » et « une place qui leur permettra de vivre efficacement dans le monde ». On suggère qu’elle visualise ce qu’elle voudrait pour son propre compte si le deuil disparaissait par magie.

L’auteure populaire Barbara Kingsolver offre ces paroles de sagesse au sujet de l’amitié. « L’ami qui tient votre main et ne dit pas les bonnes choses est un ami davantage précieux que l’ami qui se tient loin ». Elle a tellement raison: ne prenez pas vos distances parce que vous avez peur de dire quelque chose d’inapproprié. L’American Cancer Society l’exprime le mieux. « Soyez présent. Même si vous ne savez pas quoi dire, la présence seule d’une personne à proximité peut être très réconfortante ».

D’autres suggestions simples comprennent ce qui suit.
  • Demandez à la personne endeuillée comment elle se sent et écoutez sa réponse. Ne prenez pas pour acquis que vous savez comment elle se sent à un moment donné.
  • Écoutez et offrez de l’appui mais n’essayez pas de pousser quelqu’un qui n’est pas prêt à parler.
  • Acceptez tout sentiment exprimé par la personne endeuillée. Même si vous ne pouvez pas imaginer ses sentiments, ne dîtes-lui jamais comment elle devrait se sentir ou ne pas se sentir.
  • Réassurez-la sans minimiser sa perte. Tentez d’être empathique envers cette personne sans croire que vous savez comment elle se sent.
L’auteure Sarah Dessen a capté l’essence de ‘bien écouter’ dans ce passage. « Voilà le problème de traiter avec une personne qui est en réalité quelqu’un qui écoute bien. Elle ne saute pas dans le milieu de vos phrases, ce qui vous épargne d’avoir à les compléter, et elle n’enterre pas vos paroles, ce qui écarte ou modifie ce que vous réussissez à dire. Plutôt, elle attend, ce qui vous oblige à continuer. »

Donc, comme allié de votre ami endeuillé ou d’un membre de la famille, vous devez cultiver la patience et la volonté d’attendre. Vous devez être aux aguets des symptômes de la dépression, ce qui peut comprendre des pensées constantes d’être inutile ou de désespoir, d’être incapable d’accomplir des activités quotidiennes, des sentiments de forte culpabilité, une importante perte de poids, et des pensées de décès ou de suicide. L’American Cancer Society fait une mise en garde. « Si de tels symptômes durent plus de deux mois après la perte, la personne endeuillée est apte à bénéficier d’aide professionnelle. Si la personne tente de se blesser, ou planifie de le faire, elle a besoin d’aide immédiate. »


Sources en ligne:
Worden, James, Grief Counseling & Grief Therapy: A Handbook for the Mental Health Practitioner, 4th Edition, 2009.
Bailey, J.D. How to Help a Friend Who is Grieving, Huffington Post, 2013
American Cancer Society, Coping with the Loss of a Loved One, 2012
Dessen, Sarah. Just Listen
Share by: