Composer avec le deuil

Appui en temps de deuil

Personne n’est prêt pour le deuil. La ruée des sentiments, les pensées, les inquiétudes et le chagrin peuvent nous surprendre et nous atterrer. Cependant, quand nous choisissons d’harnacher cette force aux fins de croissance personnelle, des choses étonnantes peuvent se produire. Cela peut devenir un mal pour un bien.

Sigmund Freud fut le premier à soulever le concept du travail lié au deuil en 1917. L’idée que le chagrin est poussé par l’intention se maintient encore aujourd’hui.

Le Dr James Worden a choisi de percevoir que le travail lié au deuil est centré sur les tâches:
  • d’accepter la réalité de la perte
  • de traiter de la douleur du deuil
  • de s’ajuster à un monde sans la personne décédée
  • de trouver un lien durable avec la personne décédée tout en adoptant une nouvelle vie.
Maintenant, votre travail consiste à concentrer votre attention sur la réalisation de chacun de ces objectifs. Cela ne se fera pas selon un ordre logique de quelque sorte, car chacun d’entre nous est différent et la voie parcourue sur la route du deuil ne suit pas une ligne droite.

Composer avec le deuil est un travail ardu. Il faut du courage et du travail ardu pour s’adapter avec succès à la perte d’une personne importante dans votre vie.

Six points de repère le long de votre chemin


Le Dr Stephen Joseph identifie ce qu’il nomme « six mots-repère » qui facilitent la croissance post-traumatique. Il rappelle aux lecteurs que « la croissance post-traumatique ne suppose pas l’absence de trouble émotif et de difficultés dans la vie, mais elle laisse entendre qu’il est possible – grâce à cette lutte – d’en sortir plus fort et davantage philosophique en relation à la vie. »


Avant d’identifier ces six mots-repère, le Dr Joseph rappelle trois choses très importantes.

 

  • Vous n’êtes pas seul.
  • Le traumatisme est chose normale et naturelle.
  • La croissance suit un parcours quelconque.

 

Il souligne également une règle fondamentale: ne tentez rien que vous ne serez peut-être pas en mesure d’accomplir maintenant. « Si vous ressentez des émotions intenses, des malaises physiques ou les débuts de la panique: arrêtez. » Il rappelle gentiment que « Il est important d’avoir un sens de maîtrise personnelle de votre rétablissement. Il peut y avoir des choses que vous ne vous sentez pas en mesure d’accomplir maintenant mais – avec le temps – alors que vous découvrez de nouvelles forces et de nouvelles aptitudes à faire face au stress, cela changera vraisemblablement. »


Premier mot-repère: faites l’inventaire

Vous sentez-vous bien physiquement? Dormez-vous suffisamment et mangez-vous les bons aliments qui favorisent la santé optimale? Avez-vous obtenu l’aide médicale, légale ou psychologique dont vous avez besoin? Quel est votre état physique, spirituel et affectif à présent?


Deuxième mot-repère: cultivez l’espoir

Les gens traumatisés par la perte se sentent souvent en désespoir. Il est difficile de se lever le matin, et songer à l’avenir enclenche pessimisme et négativisme. Trouvez de l’inspiration dans les histoires de croissance personnelle d’autres gens. Établissez des objectifs et cultivez l’espoir en les accomplissant.


Troisième mot-repère: réécrivez votre histoire  

Apprenez à raconter votre histoire autrement. Rayez la mentalité de victime de l’histoire de perte que vous racontez aux autres – et à vous-même – et remplacez-la avec le mot « survivant » afin de retrouver un sens de contrôle de votre vie.


Quatrième mot-repère: identifiez les changements

Maintenez un journal personnel pour vous aider à constater les petits changements intérieurs plus facilement. Vous pouvez également noter les moments où vous vous sentez le mieux et identifier les conditions afférentes. Identifiez et favorisez les changements positifs dans votre vie tout au long de votre parcours de deuil.


Cinquième mot-repère: valorisez les changements

Examinez ces changements, identifiez ceux que vous voulez continuer à valoriser. La transformation personnelle l’exige. On encourage la croissance quand on prend le temps de réfléchir à ce qu’on a acquis de nos êtres chers et quand nous découvrons une façon d’utiliser ce que nous avons appris pour le transmettre à d’autres gens.


Sixième mot-repère: exprimez le changement par l’action

Exprimez votre croissance au moyen de nouveaux comportements ou, plus simplement, mettez votre croissance à l’œuvre. Quand vous pensez en termes d’actions concrètes, cela aide à rendre la croissance vécue dans votre deuil davantage réelle pour vous.


« En concentrant sur ces six mots-repère » note le Dr Joseph, « vous découvrirez que votre croissance post-traumatique commence à s’enraciner. »

Mettre fin au déni et trouver l’acceptation


L’acceptation est la toute première tâche de votre deuil. Le Dr James Worden écrit: « Il faut faire face directement à la réalité que la personne est décédée, que la personne est partie et ne reviendra pas ».


Voilà où les funérailles peuvent être très importantes. Traditionnellement, le corps mis en cercueil de la personne décédée est à l’avant de la salle et on invite les gens à venir faire leur adieu personnel. Une partie de ce geste consiste à voir de nos propres yeux que la mort est réelle. Cette réalité est une partie essentielle de l’acceptation du décès. Cependant, la tradition de visite a diminué au fil des ans car plusieurs familles choisissent la crémation maintenant et optent pour un service commémoratif après la crémation. Le point de mire de la cérémonie devient l’urne de crémation contenant les cendres, hors vue, ce qui rend la réalité du décès moins évidente et la voie vers l’acceptation moins claire.


L’acceptation peut sembler hors de portée

Pour de nombreuses gens, l’acceptation signifie d’accepter la réalité. La plupart des gens qui perdent un proche ne veulent pas simplement l’accepter; vraiment, nous avons une aversion à l’acceptation. Donc, utilisons un autre mot – ajustement par exemple, ou intégration. Ces deux mots concentrent sur le dégagement intentionnel de non croyance. La personne qui intègre le décès d’un être cher dans sa vie a dégagé la voie vers la création d’une nouvelle vie, une vie proactive où l’on chérit le souvenir de l’être cher, peut-être comme énergie motivant le changement.


Cela prend du temps, bien sûr. Dans Coping with the Loss of a Loved One , l’American Cancer Society met les gens en garde que « L’acceptation ne se produit pas du jour au lendemain. Habituellement, il faut un an ou plus avant d’accepter les changements affectifs et ceux de la vie qui accompagnent le décès d’un être cher. La douleur peut devenir moins intense, mais il est normal de se sentir engagé émotionnellement avec la personne décédée pendant de nombreuses années après leur décès. Éventuellement, on devrait pouvoir reprendre l’énergie émotionnelle investie dans la relation avec la personne décédée, et l’utiliser en d’autres relations. » 


N’importe ce que vous l’appelez, cette partie essentielle du deuil nous permet de vivre pleinement à nouveau. Cela nous permet de sortir de la noirceur de la simple existence pour revenir au soleil où la vie est belle. Bien sûr, c’est une vie très différente de celle vécue avant le décès de votre être cher.



Sources:

Freud, Sigmund. On the History of the Psycho-Analytic Movement Papers on Metapsychology and Other Works.

Worden, James. Grief Counseling & Grief Therapy: A Handbook for the Mental Health Practitioner

Fleming, Stephen. The Changing Face of Grief: From 'Going On to 'On-Going'

Joseph, Stephen. What Doesn't Kill Us: the New Psychology of Post-traumatic Growth

American Cancer Society, Coping with the Loss of a Loved One , 2012

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